Le pauvre gars à bout d'effort
Est descendu vers le vieux port
Sur les quais où sont les navires
Il s'arrête pris d'un frisson
Puis brusquement franchit le pont
Cap'taine, j'ai deux mots à vous dire
Sur votre bateau
Voulez vous de grâce
Me faire une place
Comme matelot
J'oublierai je pense
Au lointain pays
Les yeux trop jolis
Qui sont ma souffrance
J'oublierai l'amour
Objet de mes fautes
Pour qu'a cette côte
Je revienne un jour
De toutes mes peines
Me trouvant payé
Si j'entends chanter
Parfois les sirènes
Mais l'un après l'autre les patrons
Sans pitié ont répondu : non !
Le pauvre gars alors s'arrête
Pourquoi lutter ainsi, pourquoi ?
Il fait un lent signe de croix
Puis dans les flots soudain se jette !
Sur vos grand bateaux
Aux lourdes carènes
Dormez les cap'taines,
Dormez matelots
La lune se lève,
Et c'est le printemps
Pousuivez longtemps
Vos paisibles rêves
Le front couronné
De boue et de ronces
Un être s'enfonce
Dans l'éternité
La nuit est sereine,
Dormez bien dormez
Pour lui vint chanter
Toutes les sirènes